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Antiquité

Thot est le messager des dieux, et adoré partout en Egypte comme le dieu de la Lune, maître des lettres et des sciences, des inventions, porte-parole et archiviste des dieux. Il est devenu le dieu de sagesse dont les larges connaissances étaient associées à la magie, la musique, la médecine, l'astronomie, la géométrie, le dessin et l'écriture.

« C'est pathétique les Hommes. De bien piètres créatures. Une intelligence sous développée et une adoration presque fanatique pour tout ce qui touche à la reproduction et au plaisir sexuel. Il fallait bien qu'on les aident, ces humains, à évoluer. Ils n'allaient tout de même pas rester des bêtes éternellement. Car, leurs aspects grotesques d’animaux en chaleur recèlent une habilité discutable et un esprit non négligeable. Mes confrères sont déjà intervenu dans le passé, lorsque cette espèce n'était encore qu'un singe velu, maintenant on se devait de prendre la relève. Ils leurs on donné de quoi devenir des Hommes. On se devait, à notre tour de divulguer un certain savoir restreint à ces animaux intelligents que la planète bleue à engendrée. On se devait de les aider à se développer.

Après tout on devait bien se divertir, le vaste univers est bien trop lassant quand on a l'immortalité devant nous et puis, qui dit que plus tard, nous ne prendrons pas un certain plaisir sadique à détruire tout ce que par la suite ils auront construit d'eux-même ?

Zjkloson a alors décrété qu'il nous fallait des masques qui en plus de nous apporter un côté canonique, dissimuleront nos yeux exorbitant d'un gris pâles moirés par les reflets de la galaxie et nos long crâne sans fin. Je me suis alors retrouvé avec un accoutrement de volatile que les égyptiens, peuple d'humains rayonnant onéreusement en Afrique appelait Ibis. Un long bec pointu, des plumes diaprées et voilà que j'étais prêt à leur transmettre l'art de l’Écriture. Ce fût mon rôle de leur apprendre à coucher sur quelque chose la déferlante des mots qui affluaient à leurs papilles.

J'incarnerai aussi la Lune, astre majestueux qui est aussi une excellente aire de pique-nique galactique.

Après avoir posé mon masque, j'ai passé sur mon frêle corps grisâtre un kyrielle de bijoux. Ça brillaient, luisaient, scintillaient autant que la clarté des étoiles. J'ai enveloppé mon corps nu dans un pagne de lin et gardé dans mes mains humanoïdes un long sceptre.

Ensuite on m'a dis : « Mon cher Astros, tu n'es plus Astros, mais Thot, le dieu de l'écriture et de la Lune ». J'ai dis « Ok ! » et maintenant, la Terre nous appartient. Nous, extra-terrestres fraîchement débarqués de nulle part sommes devenus des Dieux adulés par un peuple d'idolâtre »

 

Extrait des pensées de Astros ( Thot ), Alien participant au projet « Cultivons les Terriens ! »

XXIème

Au XXIème siècle, le Thot déchu qu'acclamait les égyptiens s'est fondu dans la masse humaine pour espionner la Terre. Tantôt prof de maths, voyant par téléphone, pompier, PDG d'entreprise, prostitué, médecin etc, il espionne la Terre et ses mœurs pour ses concitoyens extra-terrestres.

Dans la rue – et même ailleurs, il était banal. Humain parmi les humains, tous à marcher comme du bétail sur une prairie goudronnée, sous des arbres de verres qui s'amusaient à gratter le ciel de leurs branches bétonnées.

Il n'y avait plus rien d'animal là-dedans, pourtant, les humains en étaient encore, eux.

Astros avait perdu son déguisement de volatile sacré. À la place, il chaussait des baskets en toile et portait un T-shirt de base-ball. Il n'était plus question d'un attirail déifique mais plutôt d'un joli visage hâlé aux yeux sombres.

Thot est mort. Laissé dans un labyrinthe mythologique. Il n'est plus qu'un souvenir. Un souffle du passé dont on conserve les méandres dans de très beaux musées.

Dans cette rue grise, rincée par une pluie sans fin, il errait parmi les hommes. Depuis le temps qu'il vivait sur la planète bleue, il aurait pu se sentir des leurs et pourtant, chaque jours le dégoûtaient un peu plus de l'humanité. Sa vraie apparence lui manquait cruellement. Il avait aussi le mal du pays. Les triples lunes de sa planète n'égalait pas l'unique satellite de la Terre. Le soleil était trop fort et l’apesanteur trop différente.

Ici, il s'appelait Côme, Ambroise, Richard, Lucien, Stuart. Il n'était jamais le même et en même temps jamais différent. Il était toujours grimé dans cette enveloppe humaine mais changeait constamment de vocation. D'ailleurs, il lui semblait avoir tout expérimenté. Mais ce qui lui plaisait le plus, c'était la baise. La baise et son odeur bestiale qui rapprochait encore plus les humains de leurs frères les animaux. Au lit, ils étaient tous, hommes et femmes, des bêtes excitées qui ne vivaient que pour s'emboîter l'un dans l'autre en poussant des râles animalesques.

Son espèce à lui n'avait pas la même vision de la reproduction.

Tous les soirs, il envoyait donc un compte rendu de sa journée à ses concitoyens d'ailleurs.

​

Tous les soirs, il observait les palpitations des étoiles en rêvant de son chez-lui.

Un jour on viendrait le chercher. Il s'en irait en ne laissant de lui sur terre, que l'image d'un dieu qu'il avait incarné.

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